Le contrôle mental est certainement le conditionnement le plus difficile à identifier et à neutraliser. Dans notre société actuelle, il est banal, voire considéré comme juste et intelligent, d'émettre des opinions sur les personnes, de les juger, de les critiquer, de les dénoncer, de les conseiller, de les assister, de lutter contre celles qui ne nous conviennent pas, de les soumettre, d'imposer, de dominer, de consommer à outrance, de se servir, etc.
L'ignorance, l'aveuglement, la propagande, les manipulations et les conditionnements empêchent de nous rendre compte que toutes ces attitudes et ces comportements amplifient le contrôle mental qui nous éloigne de nous-même, de notre souveraineté, des valeurs humaines, de la maîtrise de notre vie et de la paix.
Que nous soyons des victimes, des bourreaux ou des sauveteurs, nous restons des prisonniers qui gesticulent derrière les barreaux de leur cage plus ou moins dorée. Pourtant la porte est ouverte. Mais avec des bandeaux sur les yeux, il n'est pas facile de la trouver et de sortir. Il faut se libérer d'abord.
Ne confondez pas contrôler et maîtriser.
Chaque fois que quelque chose d’inconnu, d’inconfortable apparaît en nous, cela est vécu comme un danger. Le contrôle est présenté alors comme une protection pour soi et pour les autres. Comme un pansement pour ne plus avoir peur.
L’objectif est au mieux d’inciter à la prudence et à la modération. Mais en général le contrôle mental a pour conséquence de nous déresponsabiliser, de nous culpabiliser et de nous révolter. Et finalement atteint le résultat inverse à son objectif.
L’action de contrôler ne doit pas être confondue avec celle de maîtriser. Le contrôle crée un système artificiel pour normaliser des procédures et pour corriger, interdire et réprimer ce qui ne correspond pas à la norme.
On retrouve ce processus dans la démarche dite scientifique qui cherche à comprendre le réel à partir de ses propres normes préalablement définies. D’où la difficulté à sortir des sentiers battus, à envisager d’autres réalités, à garder un esprit ouvert et à évoluer. Les institutions contrôlent le corpus des connaissances admises et permettent à l'ego scientifique d'atteindre l'excellence.
Le contrôle mental est imposé par l’extérieur et vise en principe à améliorer le fonctionnement collectif. Mais ses méthodes ne le permettent pas, car elles sacrifient toujours la liberté sur l'autel de la sécurité. Pour tenter de résoudre de vrais problèmes qu'il a largement contribué à créer, il propose de fausses solutions, à la manière d'un pompier pyromane.
Au contraire, la maîtrise est individuelle car elle résulte de la connexion et de l’expression de notre être véritable.
Dans le domaine de l’enseignement par exemple, la structure même d’une pédagogie de contrôle ne peut pas produire de génies, que ce soit en sciences, dans l’art ou dans tout autre domaine. Car le contrôle est mécanique. Il vise à conditionner des réflexes. Il ne s’adresse pas à l’affectivité, ni à l’émotionnel, ni à l’intelligence. Ce système formate et sélectionne les meilleurs contrôlants, et les propulse ensuite à la tête les institutions chargées justement d'encadrer la société.
Or le génie, l’inventeur, l’artiste sort justement du contrôle pour manifester sa maîtrise.
Le contrôle n’est pas un obstacle tant qu’il reste un principe d’organisation et d’évaluation fonctionnelle d’un système.
Mais dans nos sociétés matérialistes et guerrières, ce contrôle devient un outil d’asservissement à un système de compétition, ignorant et coupé de l’humain, de la nature et de la vie, un système qui s’emballe avec la prolifération des lois, des règlements, des normes, des contraintes, des répressions et des dérèglements de toutes sortes.
Nos sociétés ont tellement développé le contrôle mental que le corps est abordé avec une supra-analyse intellectuelle. Cela n’est pas être dans la vie mais dans une sur-explication et une analyse de la vie qui planifie, qui calcule, et qui rend esclave de sa propre vie. Au pays de Roboland, nous devenons des machines.
La nécessité de l’individualisation.
Notre "moi-je" est conditionné pour contrôler. En effet, notre personnalité s’est construite en intégrant les conditionnements sociaux, culturels, familiaux, transgénérationnels, génétiques, environnementaux de notre époque. Certes avec une part plus ou moins importante de valeur ajoutée personnelle.
Ainsi, nos parts conditionnées contrôlent plus ou moins notre personnalité. Elles sont soumises au contrôle mental. Nos stratégies de contrôle semblent se déclencher toutes seules pour nous ramener dans notre zone de sécurité, dans le connu, dans le "politiquement correct", dans l’image et dans les attentes que les autres projettent sur nous sans lesquelles nous aurions peur de ne pas être accepté et reconnu.
Ou au contraire, les contraintes et les injustices nous poussent à la révolte, dans l’anarchie, vers la destruction.
Le réflexe conditionnel est inhérent à toutes les espèces incarnées sur cette planète. C’est un programme de protection du territoire, de reproduction et de survie. Il est nécessaire pour s’individualiser.
Dans un système en équilibre, les individus peuvent s’entendre, collaborer et évoluer ensemble. Mais lorsque les échanges sont déséquilibrés, lorsque les egos prennent les commandes, lorsque le service à soi-même l’emporte, c’est la loi du plus fort et le conflit des egos. Autrement dit la guerre.
Le problème de l’ego surdéveloppé.
À partir du moment où je fais une action depuis un espace intérieur qui juge, qui impose, qui décide, qui cherche, qui veut, l’ego "moi-je" passe en mode contrôle et domination. Il s’active dans nos personnalités à différentes échelles et de manière plus ou moins subtile. Rien ne peut le satisfaire.
Dans le domaine matériel c’est celui qui veut à tout prix gagner de l’argent, être chef d’entreprise, réussir. Quel qu’en soit le prix.
Mais tant que l’on veut, que l’on cherche, que l’on souhaite, c’est toujours notre personnalité qui veut, qui cherche, qui enquête. C’est l’espace contrôlant.
Le faire n’est pas un problème. Les aspirations, les intentions sont naturelles. Mais il y a une différente entre sentir, ressentir, et vouloir diriger le cours de la vie selon les envies et les désirs de l’ego qui prétend contrôler la vie et éduquer le monde.
Comment faire la différence entre l’intuition et la volonté personnelle ?
Pour bien comprendre, prenons la métaphore d’un parent qui contrôle, qui épie les moindres faits et gestes de ses enfants. Quand un parent surveille son enfant en permanence, lorsqu’il s’inquiète pour lui et lui transmet ses peurs, il ne lui permet pas d’avoir confiance.
Pour échapper à ce contrôle, par peur ou par révolte, l’enfant va trouver des subterfuges pour se cacher et faire les choses de manière plus subtile et dissimulée. Il peut également devenir violent et autodestructeur.
Or l’enfant n’aspire qu’à se montrer et se dévoiler tel qu’il est. S’il tombe, la main tendue pour l’aider à se relever est celle de la Conscience. La peur du parent contrôlant l’empêche de faire l’expérience qui lui permettrait de grandir en confiance et de mûrir.
Toutes les sensations d’automatismes, de pilotage de notre vie, même sous couvert de spiritualité, sont du contrôle. Pourquoi est-ce si difficile de lâcher le contrôle ? Parce qu’il faut rencontrer nos peurs. La peur qu’il puisse se passer n’importe quoi si je ne me contrôle pas. La peur de perdre la face, la peur qu’une colère hystérique puisse remonter, la peur de la folie, de l’ombre tapie dans notre inconscient, de sa magie noire, des mémoires d'impuissance, de possession, de persécutions, etc.
Ainsi le mental contrôlant observe la vie depuis la tour de sa prison, enfermé dans ses peurs. À force d’être contrôlés, les personnages contrôlés se dissimulent et fraudent ou acceptent ce cadre. Ils se sentent malins ou en sécurité mais cela n’est pas la véritable paix.
Puisque l’élan de la vie est refoulé, c’est l’ego en manque de discernement et de hauteur qui prend les commandes. Il est bien question d’amour, de compassion et de neutralité, mais ce discours n’est aucunement en adéquation avec la vie.
Celui qui contrôle tout, vibre le contrôle et attire le contrôle jusqu’à former un "ego-village" qui renforce sa vision et l’enferme définitivement dans une zone de contrôle absolu. Pas question de se remettre en question.
Le contrôle mental assèche, rend avide, insatisfait, amène à un manque de sens, à un manque de joie, de créativité et d’élan. Regardez le corps d’une personnalité contrôlante : il est structurellement rigide, contracté, raide, tendu.
Le yoga, entre autres, peut le tenter pour aller mieux. Mais si, au lieu de faire du yoga, il pouvait accueillir l’inconfort au lieu de chercher à en sortir, de résister à la vie le résultat serait totalement différent. Car lorsque l'ego pratique le yoga, il ne fait que mettre un couvercle sur la marmite et échoue, ou se couvre d'un verni spirituel. C'est l'ego spirituel.
Mais en aucun cas cet ego en nous n’est la Présence, la Conscience, le Témoin. L’intuition inspire, donne l’élan d’accomplir ce qui est juste d’instant en instant. Elle ne planifie pas en fonction du passé.
Si j’écoute la voix subtile de mon intuition quand la vie me propose une opportunité, je ressens de la joie, je perçois de la lumière authentique, je réalise que cette voie est une évidence.
Même si je ne sais pas où cela va me mener, même si le monde s'oppose ensuite à mon projet, même si je dois ensuite affronter de nombreuses difficultés et des obstacles, je sais que cette expérience est favorable pour mon évolution et pour celle du collectif.
Être en paix, c’est être éveillé, accepter d’abord la vie telle qu’elle est avec ses hauts et ses bas. La Conscience éveillée trouve l’équilibre au cœur de cette impermanence.
Écoutez votre intuition.
Comment pris dans cet enfermement se rendre compte qu’on contrôle ? Quand la vie nous arrête !
Quand le parent tombe malade, il ne peut plus contrôler l’enfant. Tous les personnages mis sous couvert remontent alors à la surface et là, on peut faire la différence entre contrôle et Conscience. Mais souvent chacun de nous chemine sur un fil de rasoir et il est difficile de nous en rendre compte.
Pour le mettre en lumière, il convient d’arrêter, durant un temps, ce que l’on est en train de faire pour revenir à Soi. Il est possible alors de prendre conscience du cadre à partir d’un autre niveau de conscience, et d’en sortir si cela est nécessaire.
Sortir d’un cadre, c’est laisser l’inconnu réapparaître, lui faire face et ne plus avoir peur de notre ombre.
Arrêtez les rituels matinaux que vous faites toujours à la même heure comme une habitude devenue plus ou moins mécanique. Soyez créatifs, variés, innovez !
Mangez quand vous avez faim et non plus quand c’est l’heure, par habitude, par commodité, pour faire plaisir, pour nourrir une émotion.
Trouvez le bon moment pour agir. Laissez la vie insuffler vos actions. Laissez l’envie apparaître, générez-la au lieu de forcer, d’obéir. Cultivez l’envie d’être en vie. Sortez des obligations bloquantes et acceptez avec discernement les nouvelles perspectives que l'inspiration vous propose.
Permettez au corps de bouger, laissez-le s’étirer, s’autoréguler naturellement. Vous constaterez alors que votre Conscience descend, s’enracine et s’ancre sur la Terre. Alors relâchez-vous. Un simple relâchement corporel donne un élan colossal pour arpenter les chemins de notre vie.
Quand l’élan de la vie passe à travers nous, il propose, permet, autorise, inspire. Cela nous porte à faire alors des choses alignées avec qui nous sommes vraiment et avec ce que l’on est venu faire dans notre vie.
Sur le plan spirituel, lorsque l’ego s’ouvre, se purifie, se connecte et se met au service du Soi, les aspirations disparaissent. L’intuition, les capacités à résoudre les problèmes, les dons subtils, la paix intérieure, la sérénité heureuse et le respect des valeurs humaines, entre autres, comblent nos besoins.
Permettez à votre Conscience de vous guider dans le mouvement de la vie.
Lorsque les obstacles que nous avons évoqués se manifestent, lorsque le contrôle mental devient intolérable, lorsque nous avez l’impression d’être en difficulté ou en échec, lorsque vos ressources vous semblent épuisées, il y a deux solutions.
Soit vous retrouvez l’inspiration, la force, les ressources intérieures et extérieures nécessaires pour traverser vos épreuves. Mais sachez que même les grands sportifs ne négligent pas les conseils de leur entraîneur.
Soit vous avez besoin d’aide pour reprendre pied. L’aide ne peut pas faire le travail à votre place, mais vous proposer un cadre, une relation de confiance dans laquelle vous pourrez faire le point et changer ce qui vibre en vous et qui vous entrave. Une aide véritable considère en vous le maître et encourage non le problème, mais l'apprenti qui apprend à exercer sa maîtrise.
Laissez-vous guider, avec discernement, vers la démarche appropriée. Cet apprentissage est le tout premier pas vers la maîtrise.
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